Le thème est clair. L'élimination des Juifs en Allemagne, et plus tard en Europe par le régime Nazi de la Nuit de Cristal (9-10 novembre 1938) à la solution finale. Il s'agit d'une réunion d'une cellule de crise du régime Nazi lui-même après la Nuit de Cristal qui essaie de poursuivre ou récupérer l'entreprise par la loi et l'administratif seulement du fait de l'imbroglio dans lequel l'Allemagne a été jetée par l'évènement dont les conséquences économiques pourraient être dramatiques pour le régime Nazi. C'est là que la décision d'aller vers la solution finale, l'extermination des Juifs, est devenue une réalité après avoir été l'objectif d'Hitler pendant quinze ou vingt ans.
Il s'agit d'une lecture seulement ce qui, même avec des acteurs de très haute qualité, fige un peu la gestuelle et la corporelle. Mais le texte révèle les haines entre les principaux leaders de ce régime, en-dessous d'Hitler lui-même. Ils se haïssent comme chat et loup mais sont d'accord sur un seul point : éliminer les Juifs et préparer la guerre qui permettra de faire la même chose au niveau de l'Europe. Mais cela n'est pas si simple quand on considère l'imbroglio économique dans lequel les Juifs sont intégrés. Mettre en cause les Juifs revient à mettre en cause un nombre important d'Allemands non-Juifs, et de déséquilibrer l'économie du pays, même de provoquer une chute boursière.
Du fait que c'est une lecture, la mise en scène, le décor par exemple, est très simple pour ne pas dire rudimentaire et ce n'est pas le « passant » juif qui déambule derrière un miroir et puis dans la salle autour des personnages qui change la mise. Il est le rappel visuel que l'on parle de plusieurs millions d'hommes, de femmes et d'enfants. Le rappel qu'ils finiront tous ou presque tous dépossédés et incinérés dans quelque incinérateur en Pologne ou en Allemagne.
On peut alors juger les personnages, qui sont vides bien sûr puisqu'il s'agit de Mesguich et ne sont que des noeuds de relations entre eux, relations de haine et de rivalité autant que d'objectifs communs, personnages qui sont donc rendus par les seules intonations de la lecture et les expressions de faciès puisque les corps n'ont pas la liberté de mouvement qu'on pourrait attendre.
Goering est un coléreux autoritaire et sanguin, et on pourrait penser qu'il perd trop souvent son sang-froid, s'il a du sang-froid. Il est bruyant (il parle de façon trop forte et éraillée par cette force au lieu d'être un peu plus contenu, donc froid, donc cynique). Goebbels est montré comme une anguille de manipulation et de contournement, est responsable de la Nuit de Cristal et ne veut pas admettre l'erreur que cela fut et que l'assemblée ici présente est sensée corriger. Son attitude, ses expressions faciales semblent montrer qu'il joue de Hitler et sa haine contre les Juifs pour avec sa Nuit de Cristal forcer les autres à passer à la solution finale dont ils ne semblaient pas à priori de fervents partisans. Il apparaît donc comme cynique et terriblement hypocrite dans ses paroles car pour lui seuls les actes comptent et les conséquences de ces actes à long terme, même si historiquement cette Nuit de Cristal ne portera de conséquences que pendant même pas sept années. Le court long terme.
Himmler et sa SS est un monstre sans aucun sentiment humain, et pourtant il semble un peu timoré tout en étant extrême. Ses associés directs sont pires que lui en inhumanité, mais on tient là une faction si inhumaine et même antihumaine du régime Nazi que l'on a l'impression d'être dans un autre monde. Et pourtant il suffit d'être un peu Juif soi-même pour voir l'horreur personnelle que cet événement et cette situation historique représentent mentalement et psychologiquement pour tous les Juifs d'alors et d'aujourd'hui. C'est ineffaçable et le retour en force de l'antisémitisme (anti-Juif bien sûr, car l'antisémitisme anti-Arabe existe aussi) nous rappelle que cette hostilité contre les Juifs est aussi vieille que le peuple Juif lui-même et remonte à au moins Abraham et ses deux fils.
Et pourtant en 2008 cette pièce était un peu prophétique, un mot difficile dans le domaine du Judaïsme, mais il n'en reste pas moins que certaines phrases concernant la définition nationale des pays et le protectionnisme mental de la nation privilégiée, ici les Aryens, sonnent comme les derniers discours de Trump, à El Paso par exemple, ou encore de sa diatribe anti-immigrants (légaux comme illégaux d'ailleurs) qu'il développe depuis maintenant trois ans sur un fond de calomnie, de mensonge et de cynisme : plus le mensonge est gros plus il est facilement accepté par le peuple. Qui a dit cela ? Nous le savons tous. Trump ne fait que pratiquer cette politique rhétorique, mais il a le pouvoir d'appliquer sa rhétorique dans la réalité quotidienne de millions de personnes aux USA et dans le monde. Certains diront, sans se tromper d'ailleurs, que Trump est une fusion d'Himmler et de Goering, d'Himmler pour le cynisme du mensonge, et de Goering pour l'autoritarisme totalement irresponsable et absolument sanguin, sanguinaire et sanguinolent.
On suit alors cette pièce comme si on était dans une sorte de réalité virtuelle du monde actuel.
Dr. Jacques COULARDEAU
Il s'agit d'une lecture seulement ce qui, même avec des acteurs de très haute qualité, fige un peu la gestuelle et la corporelle. Mais le texte révèle les haines entre les principaux leaders de ce régime, en-dessous d'Hitler lui-même. Ils se haïssent comme chat et loup mais sont d'accord sur un seul point : éliminer les Juifs et préparer la guerre qui permettra de faire la même chose au niveau de l'Europe. Mais cela n'est pas si simple quand on considère l'imbroglio économique dans lequel les Juifs sont intégrés. Mettre en cause les Juifs revient à mettre en cause un nombre important d'Allemands non-Juifs, et de déséquilibrer l'économie du pays, même de provoquer une chute boursière.
Du fait que c'est une lecture, la mise en scène, le décor par exemple, est très simple pour ne pas dire rudimentaire et ce n'est pas le « passant » juif qui déambule derrière un miroir et puis dans la salle autour des personnages qui change la mise. Il est le rappel visuel que l'on parle de plusieurs millions d'hommes, de femmes et d'enfants. Le rappel qu'ils finiront tous ou presque tous dépossédés et incinérés dans quelque incinérateur en Pologne ou en Allemagne.
On peut alors juger les personnages, qui sont vides bien sûr puisqu'il s'agit de Mesguich et ne sont que des noeuds de relations entre eux, relations de haine et de rivalité autant que d'objectifs communs, personnages qui sont donc rendus par les seules intonations de la lecture et les expressions de faciès puisque les corps n'ont pas la liberté de mouvement qu'on pourrait attendre.
Goering est un coléreux autoritaire et sanguin, et on pourrait penser qu'il perd trop souvent son sang-froid, s'il a du sang-froid. Il est bruyant (il parle de façon trop forte et éraillée par cette force au lieu d'être un peu plus contenu, donc froid, donc cynique). Goebbels est montré comme une anguille de manipulation et de contournement, est responsable de la Nuit de Cristal et ne veut pas admettre l'erreur que cela fut et que l'assemblée ici présente est sensée corriger. Son attitude, ses expressions faciales semblent montrer qu'il joue de Hitler et sa haine contre les Juifs pour avec sa Nuit de Cristal forcer les autres à passer à la solution finale dont ils ne semblaient pas à priori de fervents partisans. Il apparaît donc comme cynique et terriblement hypocrite dans ses paroles car pour lui seuls les actes comptent et les conséquences de ces actes à long terme, même si historiquement cette Nuit de Cristal ne portera de conséquences que pendant même pas sept années. Le court long terme.
Himmler et sa SS est un monstre sans aucun sentiment humain, et pourtant il semble un peu timoré tout en étant extrême. Ses associés directs sont pires que lui en inhumanité, mais on tient là une faction si inhumaine et même antihumaine du régime Nazi que l'on a l'impression d'être dans un autre monde. Et pourtant il suffit d'être un peu Juif soi-même pour voir l'horreur personnelle que cet événement et cette situation historique représentent mentalement et psychologiquement pour tous les Juifs d'alors et d'aujourd'hui. C'est ineffaçable et le retour en force de l'antisémitisme (anti-Juif bien sûr, car l'antisémitisme anti-Arabe existe aussi) nous rappelle que cette hostilité contre les Juifs est aussi vieille que le peuple Juif lui-même et remonte à au moins Abraham et ses deux fils.
Et pourtant en 2008 cette pièce était un peu prophétique, un mot difficile dans le domaine du Judaïsme, mais il n'en reste pas moins que certaines phrases concernant la définition nationale des pays et le protectionnisme mental de la nation privilégiée, ici les Aryens, sonnent comme les derniers discours de Trump, à El Paso par exemple, ou encore de sa diatribe anti-immigrants (légaux comme illégaux d'ailleurs) qu'il développe depuis maintenant trois ans sur un fond de calomnie, de mensonge et de cynisme : plus le mensonge est gros plus il est facilement accepté par le peuple. Qui a dit cela ? Nous le savons tous. Trump ne fait que pratiquer cette politique rhétorique, mais il a le pouvoir d'appliquer sa rhétorique dans la réalité quotidienne de millions de personnes aux USA et dans le monde. Certains diront, sans se tromper d'ailleurs, que Trump est une fusion d'Himmler et de Goering, d'Himmler pour le cynisme du mensonge, et de Goering pour l'autoritarisme totalement irresponsable et absolument sanguin, sanguinaire et sanguinolent.
On suit alors cette pièce comme si on était dans une sorte de réalité virtuelle du monde actuel.
Dr. Jacques COULARDEAU